Les pêcheurs artisanaux du Ghana lancent un cri d'alarme contre la "concurrence néfaste" et demandent une nouvelle approche pour lutter contre la pêche INN

L'association des propriétaires de canoës et d'engins de pêche (Canoe and Fishing Gear Owners Association of Ghana, CaFGOAG) a publié le 1er septembre un communiqué de presse appelant tous les acteurs de la pêche à soutenir le ministère de la pêche et de l'aquaculture (MOFAD) pour « éliminer la concurrence néfaste » des chalutiers industriels envers la pêche artisanale.

Son président, Nana Kweigyah, a expliqué que le carton jaune adressé au Ghana par l'Union européenne devait être l'occasion de lutter non seulement contre la pêche INN, mais aussi d'élaborer un plan global pour le secteur de la pêche. « Les stocks baissent et des mesures drastiques doivent être prises », a déclaré M. Kweigyah devant les médias locaux : « La dépendance excessive à l'égard de la surveillance n'est pas durable et elle est coûteuse ».

Les pêcheurs artisanaux dénoncent les incursions à l'intérieur de la zone côtière exclusive (ZCI), une zone qui leur est réservée, par des chalutiers industriels et semi-industriels ciblant les petits pélagiques et les juvéniles. Les petits pélagiques, qui constituent l'essentiel des prises des petits pêcheurs et la base de l'alimentation dans la région, sont gravement surexploités. Pour que les chalutiers industriels puissent capturer ces poissons, cela signifie qu'ils utilisent des filets de la mauvaise taille. Ils les vendent, non-déclarés, aux communautés côtières en les transbordant en mer dans des pirogues, une pratique appelée « saiko » qui concurrence directement la pêche artisanale.

M. Nana Kweigyah (à droite), président de la CaFGOAG, a appelé à un plan global sur la pêche car « une dépendance excessive sur la surveillance n'est pas durable ». Photo : Joëlle Philippe/Facebook CAOPA.

M. Nana Kweigyah (à droite), président de la CaFGOAG, a appelé à un plan global sur la pêche car « une dépendance excessive sur la surveillance n'est pas durable ». Photo : Joëlle Philippe/Facebook CAOPA.

Le "saiko" a fait l'objet d'une bataille permanente au niveau national, les parties prenantes locales se battant pour savoir si cette pratique était légale. L'article 132 de la loi sur la pêche 625 (2002) stipule que le transbordement en mer est interdit « sauf autorisation écrite de la Commission » et nécessite « la supervision d'un agent autorisé ». Avant la fermeture de la saison de pêche (juillet-août), la Ghana Industrial Trawlers Association (GITA) s'est engagée à arrêter (une partie du) transbordement (saiko).

Pour la CaFGOAG, cependant, le problème n'est pas seulement le transbordement mais le ciblage de ces espèces par les chalutiers industriels, ce qui est clair comme de l'eau de roche puisqu'ils utilisent des « engins de chalutage adaptés », ainsi que leurs incursions dans la ZIE, qui est « une réserve pour les pêcheurs artisanaux ». La majorité de cette flotte de chalutiers appartient à des Chinois, qui contournent les lois nationales en se servant de sociétés écrans et de prête-noms.

En juin dernier, la Commission européenne a notifié à la République du Ghana un « carton jaune » « fondé sur diverses insuffisances dans la capacité du Ghana à se conformer à ses devoirs en vertu du droit international en tant qu'État du pavillon, État du port, État côtier ou État du marché ». C'est le deuxième carton jaune que reçoit le Ghana, le premier datant de novembre 2013 et levé en octobre 2015 après que le Ghana ait « remédié aux manquements ».

Lors de la cérémonie de la fermeture de la saison de pêche 2021, la ministre Mme Hawa Koomson a reconnu que les objectifs de durabilité des saisons fermées pourraient n'être atteints que lorsque les activités illégales, telles que le transbordement non autorisé, seront éliminées.




Photo de l’entête: Une pirogue artisanale à Elmina, au Ghana par Seyiram Kweku/Unsplash.