De la fraîcheur pour les femmes transformatrices de Côte d'Ivoire leur donnera plus de pouvoir sur le marché

Texte et photos par Rich PRESS

Rich est un écrivain scientifique et un photographe américain qui s'intéresse de près à la pêche et aux personnes qui gagnent leur vie sur l'eau.

 

Les personnes travaillant dans le secteur du poisson font toujours face à une course contre la montre. C'est particulièrement vrai dans des endroits comme Grand Béréby, une ville de pêcheurs de la Côte d'Ivoire, en Afrique de l'Ouest, où le poisson se détériore rapidement sous le soleil équatorial.

À Grand Béréby, de nombreuses femmes gagnent leur vie en transformant et en vendant du poisson, et elles doivent constamment acheter de la glace. Cela réduit leurs bénéfices déjà minces.

Aujourd'hui, un peu de fraîcheur est en route. Les femmes transformatrices de poisson de Grand Béréby et des villes voisines vont recevoir un camion réfrigéré, un conteneur réfrigéré à énergie solaire et une machine à glace de grande capacité.

"Cet équipement permettra aux femmes de vendre un produit de meilleure qualité à un meilleur prix", a déclaré Micheline Dion, présidente de l'Union des Sociétés Coopératives des Femmes de la Pêche et assimilées de Côte d'Ivoire (USCOFEP-CI), une organisation faîtière qui représente les femmes transformatrices de poisson dans tout le pays.

Michel Kwaho charge de la glace, obtenue en remplissant et en congelant des sacs en plastique, sur sa pirogue avant de partir pour une sortie de pêche de trois jours. Dès qu'il relève ses filets, c'est une course contre la montre. Photo : RP.

L'organisation ivoirienne Conservation des Espèces Marines (CEM) a mené les efforts pour acquérir l'équipement frigorifique, en collaboration avec l'USCOFEP-CI et l'ONG Action pour le Développement. La CEM travaille avec des organisations communautaires dans la région de Grand Béréby pour protéger les populations de tortues marines menacées et promouvoir le développement durable. Le conteneur a été financé par une subvention de 600 000 euros de l'Agence basque de coopération au développement.

ASSURER UN APPROVISIONNEMENT CONTINU EN POISSON

La zone de Grand-Béréby et San Pedro, située vers la frontière libérienne et à 300 km à l'ouest d'Abidjan, est l'une des plus poissonneuses de Côte d'Ivoire. C'est pourquoi de nombreuses femmes transformatrices de poisson à travers le pays cherchent à s'y approvisionner. Cependant, en raison du manque d'installations, une grande partie des captures débarquées par la pêche artisanale est perdue. La réfrigération permet aux femmes de stocker de plus grandes quantités de poisson et de continuer à s'approvisionner et à transformer le poisson même pendant les basses saisons.

En juillet 2020, grâce à un fonds mis en place dans le cadre de l'accord de partenariat entre l'UE et la Côte d'Ivoire en matière de pêche durable (SFPA), l'USCOFEPCI a acheté un conteneur frigorifique (voir photo de la bannière). Deux mois plus tard seulement, les femmes pouvaient déjà constater des résultats tangibles : l'approvisionnement d'Abidjan en poisson était continu, même si les femmes devaient transporter le poisson dans des glacières. (Ci-dessous trois photos d'un approvisionnement du 31 décembre 2021 de San Pedro à Abidjan).

En octobre 2020, l'USCOFEP-CI avait déclaré qu'un camion réfrigéré était le prochain sur sa liste de priorités. L'équipement obtenu avec le soutien de la CEM et les autres partenaires sera une étape supplémentaire garantissant la qualité et la fraîcheur des produits.

AUTRES MÉTHODES DE CONSERVATION

Outre la glace, le poisson peut être conservé par salage, fumage ou séchage au soleil. Si le poisson est déjà gâté, il peut être utilisé pour préparer une concoction de poisson salé et fermenté appelée adjovan. Également appelé "Maggi africain", du nom de la célèbre marque de cube de bouillon, l'adjovan est utilisé pour parfumer les sauces, les soupes et les ragoûts. Mais c'est le poisson frais qui se vend le plus cher.

Mami Gini, membre de la coopérative de femmes transformatrices de poisson de Grand Béréby, transforme le poisson avarié en adjovan, ou "Maggi africain". Photo : RP.

Le nouvel équipement donnera également aux femmes plus de pouvoir sur le marché. Les prises de poisson fluctuent d'un jour à l'autre. Lorsque les bateaux arrivent avec une cargaison de poisson plus importante que d'habitude, les commerçants d'Abidjan et d'autres villes s'empressent d'en profiter, sachant que les femmes doivent vendre le poisson ou le voir se détériorer. Avec de nouveaux équipements de réfrigération, les femmes pourront tenir bon et obtenir un meilleur prix.

Jose Gomez Peñate, fondateur du CEM, a déclaré qu'il s'attendait à ce que le nouvel équipement soit en place d'ici la mi-2022.