La société civile et les organisations de pêche artisanale réagissent au nouveau protocole de pêche UE-Sénégal

Alors que la proposition est présentée à la commission PECH du Parlement européen et à l'Assemblée nationale sénégalaise, l'APRAPAM et la CAOPA demandent au gouvernement de publier tous les accords d'accès, exigent plus de transparence sur l'utilisation des fonds de soutien sectoriel et expriment leur inquiétude sur l'accès à certains stocks de poissons

Le Parlement européen a discuté du nouveau protocole à l'accord de partenariat UE-Sénégal pour une pêche durable (APPD) le 19 février dernier. L'Assemblée nationale sénégalaise va également discuter de la proposition. Dans ce contexte, la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (CAOPA) et l'Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (APRAPAM) ont exprimé leurs demandes et leurs préoccupations. Celles-ci se concentrent sur deux questions : le manque de transparence et l'accès aux ressources.

Les deux organisations se félicitent du fait que l'accord et le protocole UE-Sénégal soit public mais se plaignent que même si la transparence est une disposition générale du protocole, il n'y a pas de mention spécifique concernant tous les accords d'accès comme dans le cas du protocole UE-Mauritanie. « Une telle transparence concernant l'accès des flottes étrangères, compte tenu des récentes arrivées de bateaux étrangers dans les eaux sénégalaises, serait une mesure salutaire à mettre en œuvre pour assurer une pêche durable et protéger les communautés de pêcheurs artisanaux du Sénégal ».

L'APRAPAM et la CAOPA appellent également à la transparence sur l'utilisation des fonds sectoriels et demandent instamment le financement de la recherche scientifique et de la collecte de données, en particulier l'institut de recherche sénégalais CRODT, qui n'a plus été financé depuis 2015. Elles insistent sur la nécessité impérative de « développer une recherche solide sur l'état alarmant de nos ressources en petits pélagiques, partagées avec nos voisins ».

A cet égard, ces organisations regrettent l'attribution de l'accès aux petits pélagiques aux flottes étrangères en Mauritanie qui provoque la surexploitation de ces stocks dans la région. Cette attribution se fait « en l'absence d'un cadre de recherche et de gestion commun » et « notamment pour la transformation en huile et farine de poisson ». Les deux organisations voient une opportunité - dans le cadre des APPD entre l’UE et Sénégal, la Mauritanie et la Gambie - d'améliorer et d'encourager la recherche commune.

D'autre part, la pêche artisanale se préoccupe de l'accès au merlu pour les flottes européennes, notamment en ce qui concerne les prises accessoires autorisées, qui « ont attrayantes pour les chalutiers européens engagés dans cette pêcherie, compte tenu de leur haute valeur commerciale ». Cependant, la CAOPA et l'APRAPAM rappellent que ces espèces sont également pêchées par des pêcheurs artisanaux et demandent que les prises accessoires soient limitées au maximum.

Enfin, la CAOPA et l'APRAPAM encouragent le gouvernement sénégalais à exiger davantage de quotas de thon à la CICTA et à examiner « les possibilités de développer une pêche artisanale durable du thon dans les années qui viennent ».

Plus d'informations :

*Photo: Facebook CAOPA