La Commission européenne : « Compte tenu de l'importance de la pêche et de l'aquaculture, toute diversification de l'économie africaine devrait s'appuyer pleinement sur ces secteurs traditionnels »

Dans une lettre de réponse à un appel commun de 16 organisations de la société civile en faveur d'une stratégie inclusive pour les océans, la Commission européenne déclare qu’elle est « pleinement consciente » de la valeur de la pêche à petite échelle

Le directeur par intérim de la DG MARE, M. Bernhard Friess, a déclaré que la Commission est « pleinement consciente de l'importance de la pêche à petite échelle dans l'UE » en réponse à la lettre commune envoyée à Virginius Sinkevicius, commissaire européen à l'environnement, aux océans et à la pêche à l'occasion de la Journée mondiale de la pêche le 21 novembre 2019. L'appel, lancé par 16 organisations de la société civile européennes et africaines (organisations professionnelles de pêche à petite échelle et ONG de développement et de protection de l'environnement), demandait de garantir une pêche durable et des communautés de pêche prospères en Europe et dans les pays en développement partenaires au travers d’une stratégie globale pour les océans qui reconnaisse le rôle central de la pêche.

L'appel critiquait les priorités de la nouvelle Commission qui marginalisaient la pêche dans son « approche de croissance bleue non inclusive ». En réponse, M. Friess a insisté pour que la Commission aborde le développement de la pêche à petite échelle dans le cadre de la politique commune de la pêche (PCP) et la soutient au travers du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP). Par exemple, « si un pays de l'UE possède une flotte de petite taille d'au moins 1000 navires, il doit avoir un plan d'action explicite ciblant cette flotte », ce qui, a-t-il expliqué, est le cas pour 12 États membres de l’UE. En outre, « l'article 63 du règlement du FEAMP, soutient également le développement local mené par des acteurs locaux (CLLD, l’acronyme en anglais) dans les pêcheries et aquaculture locales ». Le règlement du FEAMP reconnaît également la pertinence des initiatives de « croissance bleue » pour favoriser la croissance et l'emploi dans ces domaines.

Toutefois, pour Brian O'Riordan, secrétaire exécutif de l'organisation Low Impact Fishers of Europe (LIFE, « Pêcheurs européens d’impact faible »),

« malgré le fait que le FEAMP comporte des dispositions spéciales pour la pêche à petite échelle et que les plans d'action nationaux créent un espace politique important pour les questions qui doivent être traitées, si la Commission n'intègre pas la pêche à petite échelle dans son agenda de croissance bleue, la marginalisation de ce secteur important de l'économie maritime va s'accroître ».

En réaction à la préoccupation des organisations de la société civile concernant les évaluations de la Commission sur la croissance presque exclusivement par le biais de la VAB, le directeur par intérim de la DG MARE a reconnu que bien que ce soit « l'indicateur qui reflète le mieux la contribution économique [...], il est incomplet ». Il a rassuré que la Commission prend déjà en compte le capital naturel et les services écosystémiques et qu'elle développera cette approche en 2020.

En ce qui concerne les relations entre l'UE et l'Afrique, M. Friess a de plus affirmé que la pêche à petite échelle dans les pays africains est « la principale composante de l'économie bleue, tant en termes d'emploi que de réduction de la pauvreté » et a noté que tous les projets d'économie bleue que la Commission a soutenus en Afrique se sont concentrés sur la pêche et l'aquaculture, car « toute diversification de l'économie africaine devrait pleinement s'appuyer » sur ces secteurs traditionnels.

Gaoussou Gueye, président de la CAOPA, s'est félicité de cet engagement et a déclaré qu'il espérait que

« le futur partenariat entre l'UE et l'Afrique reconnaîtra pleinement le rôle actif des hommes et des femmes dans les secteurs de la pêche artisanale et de l'aquaculture en Afrique dans la création d’emplois durables, la promotion de la sécurité alimentaire et dans la lutte contre le changement climatique tout en améliorant la résilience des communautés côtières ».

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