Les investissements privés européens dans le secteur pêche d’Afrique de l’Ouest

L’investissement européen dans le secteur de la pêche ACP se fait souvent à partir d’une connaissance très limitée ou d’une prise en compte insuffisante de la dégradation des écosystèmes, de l’état des stocks, de la dynamique du secteur des pêches ou des communautés côtières. Cela pose problème lorsque, comme dans le cas de la constitution de sociétés mixtes de pêche dans les états ACP, subventionnées par l’UE dans les années 90, les investissements incluent, de façon centrale, le transfert de navires.

Si l’impact économique direct de ces sociétés mixtes fut réel (les rémunérations locales, l’achat de vivres, de carburant, l’utilisation des services portuaires, etc), il faut souligner que la valeur ajoutée directe dégagée est revenue aux opérateurs européens pour 81%, contre seulement 19 % aux pays tiers. D’autre part, le transfert de capacité résultant de la constitution de ces sociétés mixtes, a, dans les faits, contribué à aggraver la dégradation des stocks locaux et, parfois, exacerbé la concurrence avec les communautés de pêche artisanale locale.

Les investissements privés européens dans le secteur pêche d’Afrique de l’Ouest

Investissements étrangers dans la Pêche : Opportunités et Défis pour les Pays de l’Afrique de l’Ouest

Pêche illégale en Guinée : poisson volé, vies volées

La Guinée possède de riches ressources halieutiques : crevettes, céphalopodes, poissons pélagiques. Comme le proverbial effet du pot de miel sur les abeilles, ces ressources attirent toutes sortes de bateaux de pêche, incluant ceux qui pratiquent la pêche Illégale, Non déclarée, Non réglementée. En 2001, un rapport de Greenpeace sur des observations en mer faites dans la ZEE guinéenne a montré que 34 des 92 bateaux observés (36%) pêchaient illégalement, la plupart dans la zone officiellement réservée à la pêche artisanale, qui leur est interdite.

Ces activités illégales, en particulier par des chalutiers coréens qui pêchent les otholites ont été dénoncées depuis plusieurs années, particulièrement par les pêcheurs artisans guinéens. Issiaga Daffé, Président de l’organisation nationale guinéenne de pêcheurs artisans UNPAG, expliquait : « les incursions illégales de chalutiers dans la zone côtière guinéenne sont les pratiques les plus destructrices pour nos ressources et pour nos communautés de pêcheurs. Ces incursions ont pour résultat non seulement la dégradation de nos côtes ; mais aussi, particulièrement lorsqu’elles se passent de nuit, les collisions avec les pirogues artisanales, amenant des pertes de matériel ainsi que des pêcheurs blessés ». Quelques uns des pêcheurs, qui ont essayé de discuter avec les équipages de ces bateaux illégaux, ont parfois été accueillis par des armes à feu ou même de l’eau bouillante jetée sur les pirogues.

En Mai 2005, une visite sur le terrain a été organisée conjointement par deux ONG européennes, EJF et CAPE, en collaboration avec l’association guinéenne ADEPEG – CPA. Plusieurs ports et base de surveillance ont été visités le long de la côte guinéenne, mettant en évidence l’étendue de la pêche illégale et la nécessité urgente de soutenir les programmes de surveillance.

Pêche illégale en Guinée : poisson volé, vies volées

Négociations d’un nouvel accord de partenariat Pêche Mauritanie – UE

La pêche artisanale mauritanienne rappelle ses priorités.

Alors que se prépare la rencontre du comité conjoint Mauritanie UE pour la négociation d’un nouveau protocole d’accord de partenariat pêche, la pêche artisanale mauritanienne, représentée par la section artisanale de la FNP, a rappelé ses priorités.

Négociations d’un nouvel accord de partenariat Pêche Mauritanie – UE

L’avenir des relations pêche ACP-UE

L’avenir des relations pêche ACP-UE : Vers une plus grande durabilité et un meilleur bien-être social et économique pour les communautés côtières des pays ACP. Publication coordonnée par Béatrice Gorez pour le CTA.

Source vitale d’aliments, d’emplois et de revenus, la pêche contribue à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté de plusieurs pays côtiers d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Cependant, la plupart de ces pays, notamment le Sénégal, la Mauritanie et la Namibie, restent très dépendants d’un petit nombre d’espèces exportées. Néanmoins, le secteur de la pêche offre aux pays ACP de réelles opportunités économiques à long terme parce que l’UE importe 60% du poisson consommé sur son marché.

Dans certaines régions comme l’Afrique de l’Ouest, la surexploitation des ressources halieutiques a considérablement affecté les stocks et les écosystèmes menaçant tout effort en faveur du développement durable. Il est donc crucial de gérer la ressource avec discernement, d’instaurer des systèmes de contrôle efficace, pour éviter la surpêche et l’effondrement des stocks de poisson ce qui permettra aux pays ACP de tirer des avantages substantiels de ce secteur économique.

Divers instruments régissent les relations de pêche entre les États ACP et l’UE, notamment les politiques nationales de pêche ACP, la Politique Commune de la Pêche de l’UE, les instruments de coopération pour le développement et les accords de pêche bilatéraux conclus entre l’UE et les États ACP individuels.

Les accords bilatéraux facilitent l’accès des pêcheurs des pays européens aux ressources halieutiques grâce au paiement de compensations financières qui constituent une source importante de revenus pour les États ACP. Ces accords posent un certain nombre de défis en ce qui concerne : (i) l’exploitation durable des ressources marines et la protection de l’environnement, (ii) la protection des communautés pratiquant la pêche artisanale, (iii) l’optimisation des bénéfices de l’exploitation de la pêche grâce aux opérations apportant une valeur ajoutée, et (iv) les systèmes de surveillance. Ces questions affectant les relations de pêche ACP-UE sont aussi abordées dans le cadre des négociations sur les Accords de Partenariat Economique (APE) entre les pays ACP et l’UE. La révision de la Politique Commune de la Pêche (PCP) visant une pêche plus durable et une plus grande protection de l’environnement marin devrait offrir une amélioration nette pour les pêcheurs des pays ACP.

Dans ce contexte, le CTA, en collaboration avec le Secrétariat ACP, la Commission européenne et le Secrétariat du Commonwealth, continue à apporter un appui aux pays ACP, notamment en fournissant une plateforme d’échanges d’information aux experts ACP et UE. Plus de 350 experts et décideurs ACP et UE des Ministères du Commerce et de la Pêche, ainsi que des représentants du Groupe ACP à Bruxelles, de la Commission Européenne, du secteur privé, d’ONG, d’associations de pêche, d’organisations internationales, d’agences de coopération pour le développement et d’organismes de recherche de l’UE ont activement contribué aux deux séminaires techniques qui ont eu lieu à Bruxelles en avril 2003 et en décembre 2004. Une consultation électronique a ensuite pris le relais pour approfondir les deux thèmes majeurs que sont l’accès aux marchés et la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Cette publication reprend les principales perspectives de ces acteurs sur les sujets considérés comme prioritaires dans les relations de pêche ACP-UE.